"Je me sens morte" : le témoignage glaçant de deux accusatrices de Gérard Depardieu pour violences sexuelles

La parole continue de se libérer autour du comportement de cette figure du cinéma français. Mardi 23 février 2023, plusieurs femmes victimes de violences sexuelles par Gérard Depardieu dénoncent son comportement au micro de BFMTV.

Les actrices Charlotte Arnould et Sarah Brooks [elle avait d’abord témoigné sous anonymat, ndlr] qui s’étaient déjà exprimées dans une enquête Mediapart publiée en avril 2023 – dans laquelle 13 femmes mettent l’artiste en cause – racontent les conséquences des ces faits dénoncés sur leur vie.

Charlotte Arnould souffre de stress post-traumatique

Charlotte Arnould, qui accuse le comédien et ami de son père de l’avoir violée à l’âge de 20 ans, décrit à la chaine d’information en continu son calvaire depuis ce mois d’août 2018. Au moment des faits, elle souffre alors d’anorexie mentale et ne pèse que 37 kilos. « Je me dis que je suis morte, que ma vie est finie. (…). Je sais qu’il s’est passé quelque chose de très grave, mais je vais mettre un petit peu de temps pour l’intégrer et le conscientiser. C’est là que je vais faire la démarche d’aller porter plainte », raconte celle qui a mis plusieurs jours avant de se rendre dans un commissariat.

Si sa plainte a été classée sans suite en 2019, elle a été rouverte et confiée à un juge d’instruction en août 2020. Puis, malgré la contestation de l’acteur, elle est confirmée le 10 mars 2022 par la Cour d’appel de Paris. Ainsi Gérard Depardieu est aujourd’hui mis en examen pour « viols ».

La jeune femme précise qu’elle connaît l’homme de cinéma depuis toujours, il est « un proche » qu’elle considérait comme un « petit père » : « Il m’a tenu dans ses bras quand j’étais bébé. Il y avait une confiance et une estime. »

Ma vie ne ressemble plus à rien.

Désormais, la jeune femme enrage de voir sa carrière d’actrice entravée par cette affaire selon elle : « Ma vie ne ressemble plus à rien. Cela fait cinq ans que je vis en enfer. » Tandis que celle de l’homme est toujours au beau fixe, il est d’ailleurs en ce moment l’héros du long-métrage Umami de Slony Sow.

Victime de stress post-traumatique, la comédienne raconte souffrir d’anorexie, de boulimie, d’hyperphagie mais aussi de « périodes de scarification, d’alcool, de prise de médicaments… » à cause des violences sexuelles qu’elle aurait subies.

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Sarah Brooks, seule face à Gérard Depardieu

Sarah Brooks, actrice elle aussi, dénonce l’agression sexuelle dont elle aurait été victime lors du tournage de la série Marseille en 2015 : « On était en train de tourner dans un stade de foot à Marseille. Pendant qu’une foule de personnes nous prenait en photo, (…) il a rentré sa main dans mon short et dans ma culotte. »

Malgré sa dénonciation, la jeune fille dit ne pas avoir été « soutenue », personne autour d’elle n’aurait réagi : « C’était décevant, humiliant, choquant. À quel moment on fait ça à une jeune fille de 20 ans ? »

Dans l’émission À l’air libre de Mediapart, elle avait expliqué que l’artiste lui adressait « des grognements » et qu’il lui aurait lancé : « Ben quoi ? Je croyais que tu voulais réussir dans le cinéma. »

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L’espoir d’un changement possible

Toujours dans l’émission de BFMTV, Charlotte Arnould évoque la sororité qui unie les victimes de violences sexuelles, notamment dans cette affaire : « Toutes ensemble, on est tellement plus fortes qu’eux. Le changement c’est maintenant et j’y crois. »

Elle estime que « c’est énorme toutes ces femmes qui commencent à parler » et « inespéré » de voir une telle libération de la parole. Dénoncer ces actes est, selon ses mots, « quelque chose qui [lui] rend justice » et « rend justice à nous toutes ».

Gérard Depardieu dément toutes les accusations de ces femmes.

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