Adepte d’un “less is more” conjuguant confort avec séduction, Isabel Marant séduit depuis 25 ans les femmes en quête de dégaines affirmées, entre codes urbains et inspirations nomades. Portrait d’une marque qui a su redessiner les contours de la silhouette parisienne avec modernité.
Née à Boulogne-Billancourt, Isabel Marant est une créatrice de talent qui s’inspire d’horizons bien divers. Munie d’une âme téméraire et d’un goût pour l’originalité, son destin dans la mode était tout tracé. Portrait de la créatrice française, sacrée meilleure créatrice de mode en 2014.
Fabriquer des vêtements, les reprendre, les détourner : entre Isabel Marant et la mode, c’est une longue histoire d’amour. Dès l’enfance, la petite fille élevée dans les quartiers chics de Neuilly revendiquait fièrement ce qu’elle voulait et ne voulait pas porter.
Sa mère, ancienne mannequin, dirige alors l’agence Elite en France. Adolescente, elle se rebelle contre le vestiaire “fifille” que son éducation bourgeoise tente de lui imposer et s’empare de vestes militaires customisés et de pulls oversize empruntés à son père, dessinant en creux “son goût du vêtement et des matières qui vivent et qui voyagent”, comme elle le décrit elle-même sur son site. Le bac en poche, c’est donc tout naturellement qu’elle intégrera le Studio Berçot, école de mode que fréquentera également Natacha Ramsay Levi, avant de se former au sein de maisons comme Michel Klein, Yamamoto ou Chloé.
En 1989, à 22 ans, elle lance Twen, un premier label de mailles et de jerseys qui esquissent sa vision du vestiaire féminin contemporain. Six ans plus tard, elle créé sa marque éponyme et fait défiler ses amies au détour d’un show improvisé dans la cour d’un squat. Son crédo ? Laisser aux femmes porter ce qui leur plait, avec des tenues confortables et singulières aux influences bohèmes. Le succès ne se fait pas attendre. En 1997, alors désignée “Meilleure Créatrice de l’année”, elle collabore d’emblée avec des enseignes grand public comme Monoprix et La Redoute et ouvre sa première boutique un an plus tard, rue de Charonne, dans un ancien atelier d’artistes devenue aujourd’hui son Q.G. historique. Vingt-cinq ans plus tard, elle compte 35 adresses à travers le monde.
Son succès, Isabel Marant le doit à un style singulier, combinant audace esthétique et design pragmatique. Décontractée, faussement nonchalante et un brin androgyne, la femme Isabel Marant jongle habilement avec les codes stylistiques inhérents à son époque, empruntant aussi bien au vestiaire sportswear qu’au dressing noctambule, le tout agrémenté de touches artisanales inspirées de ces voyages.
Naturelles, ses matières de prédilection s’affichent allègrement délavées, patinées voire carrément usées sur des palettes chromatiques tour à tour terriennes et urbaines. Le bomber peut jouer alors la transparence ou le glitter, le pull d’hiver faussement effiloché se réhausse de talons hauts, et le tie&dye s’empare de basiques citadins, quitte à s’enticher de quelques sequins. Les blouses sont amples, les pantalons fuselés, les jupes structurées, le tout orchestrant un savant dialogue de volumes aux coupes étudiées. On lui doit des souliers iconiques comme les baskets compensées ou encore les bottines en daim à petits talons. Le but ? Habiller les femmes au quotidien, “qu’elles doivent filer en scooter ou marcher dans la rue.” La créatrice est formelle : pas une seule pièce ne sort de son atelier sans qu’elle ne l’ait au préalable portée. Aux côtés du designer Barnabé Hardy, elle lancera en 2017 une ligne homme dont les pièces sont empreintes de cette même élégance improvisée.
Enfin, attachée aux savoir-faires artisanaux, la marque aujourd’hui contrôlée par le fond d’investissements Montefior s’applique à faire perdurer le “fait-main” dans ses ateliers, défendant une “écologie du vêtement” raisonnée en phase avec les impératifs de son temps. Une raison supplémentaire – en fallait-il vraiment une ? – de l’adouber.
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